Je ne sais pas pourquoi – ou alors, je ne le sais que trop bien et je n’ose me l’exprimer. Trop de blocages intimes, une certaine imposture dans l’existence, trop de vanités qui nous entourent et nous enserrent. Mais peu importe les causes, les raisons, les prétextes, puisque je n’arrive pas à écrire : ça ne sort pas. Comme un cri dans la gorge, une émotion bloquée au plexus, je n’arrive à rien. De la lâcheté surtout à ne pas assumer ma propre médiocrité.
Mon carnet de notes est plein, segmenté ; la documentation est présente, dense, étonnante parfois, comme un trou sans fond : je ne cesse d’en collecter de nouvelles, une simple phrase, trouver un angle différent, voler des expressions, des éléments ; le plan s’affine peu à peu, naturellement ; les buts sont définis – même la forme est assumée (la forme des textes s’impose à soi, je le crois profondément) ; sur les 7 parties du ‘roman’, quatre sont en passe en de se terminer : et je reste apeuré comme devant une montagne trop grande que c’en est décourageant, un travail trop énorme en temps et en énergie, pour juste quelques pages trop obscures, trop plates, même pas une « v.1 » sur laquelle travailler et s’illusionner. Et bâtir.
“Se sentir toujours trop petit pour ce qu’on désire et trop grand pour ce que l’on atteint, se sentir entre ces deux alternatives sans trouver d’issue, sans connaître le moyen de terminer cet état de lutte ; voir toujours la tache inachevée, sentir l’âme inassouvie, brûlant d’un feu qui le dévore, et constater l’impuissance humaine à calmer cet embrasement intérieur, ce volcan qui bouillonne.” écrivait Marie Jaëll…
Je suis aussi conscient qu’une fois terminé, le livre n’aura pas vocation à l’édition. Comment s’évertuer à chercher à imposer (ni même espérer) un roman sans histoire et sans personnage : morcelé sur un même thème. Comme dans cette chanson de Vincent Delerm sur le Festival d’Avignon – « pas de public finalement. »
Pourquoi écrire ? Là est bien la question.
Pourquoi écrire ? Pour la transcendance. Pour saisir comme on saisit le vent ce plus de vie qui nous manque tant. Et l’écriture, la fonction des mots, est une des voies de la connaissance. Transcendance (de l’auteur), transmission (par l’écriture) et transcendance (du lecteur). Voilà le pourquoi de l’écriture. Et de l’art ou de tout création : acquérir et transmettre un peu plus de vie à l’autre.
Mais, bref, ça sort pas. Et ça m’énerve.
l’angoisse de la page blanche ou plutôt non, ici, il s’agit de pages trop fournies… vous voilà englués dans l’opulence des écrits à ne savoir par quel bout le prendre ?
hum… du calme peut être, s’aérer, respirer, boire et y revenir au petit matin quand tout le monde dort encore …
enfin je dis ça, je dis rien …
Prendre le temps, de respirer : juste se poser. Sans doute. A appliquer. Ouaip. Prendre le temps…